L’association de marcheurs historiques pour l’égalité et la mémoire
En 1983, parmi les évènements fondateur de l’histoire de l’immigration en France, il y a eu la Marche pour l’égalité et contre le racisme, que d’aucuns avaient appelé à tort « la marche des beurs ».
Cette initiative prise par Toumi Djaidja, Djamel Atallah respectivement président et trésorier de l’association » SOS Avenir Minguettes » implantée à Vénissieux dans la banlieue lyonnaise soutenu par le père Christian Delorme, s’est transformée, au fur et à mesure de son déroulement, en un grand mouvement social.
A l’origine les jeunes qui portaient ce projet voulaient, tout simplement, protester contre certaines pratiques policières discriminatoires et dénoncer une justice à deux vitesses dont ils sentaient les victimes.
Ses concepteurs avaient alors pour objectif d’attirer l’attention de l’Etat, des pouvoirs publics, des responsables politiques, des organisations syndicales, des associations, de la société civile et de l’opinion publique.
Cette Marche avait été inspirée par le Mouvement des droits civiques menée, au début des années 60, par la communauté noire aux Etats-Unis
Au cours de leurs diverses étapes, les Marcheurs ont eu à débattre avec les citoyens, toutes origines, classes d’âge et conditions sociales confondues, des questions fondamentales de la société française, tel que celles de la production et de la reproduction sociales des inégalités, des pratiques ségrégatives et discriminatoires.
Partis de Marseille début octobre, des acteurs impliqués dans cette action collective furent accueillis à paris le 3 décembre par plus de 100.000 personnes, en présence de Madame Georgina Dufoix, alors Ministre des Affaires sociales et de la solidarité nationale
Le choix de la cité phocéenne comme lieu de départ n’était pas dû au hasard. Cette ville est, en effet, riche des vagues successifs de voyageurs et de vagues d’immigrants qui ont fait son Histoire. Il s’agissait pour les intéressés de faire l’éloge de la diversité et de rendre hommage à leurs parents et à ceux et celles qui les ont précédés dans l’aventure migratoire.
En même temps, les initiateurs voulaient s’approprier l’espace nationale symbolique pour affirmer leur volonté et leur détermination à être traités, non comme des Français entièrement à part, mais en temps que citoyens; à part entière.
La forte médiatisation qui devait accompagner ce mouvement social a été un facteur important de son ampleur et son impact.
Certes, au final, les Marcheurs ne purent obtenir qu’un titre unique de séjour de 10 ans pour tous les immigrés, en juillet 1984, suite à leur rencontre avec le Président de la République Française, François Mitterand.
Cependant, ce résultat, somme toute modeste, ne traduit pas pour autant, la véritable portée de cette marche. Son succès il faudrait, en effet le percevoir dans sa dimension symbolique et surtout dans la pertinence des thématiques qu’elle avait mises en perspectives et qui demeure, encore aujourd’hui, plus que jamais d’actualité.
Nul doute, que les problématiques liées aux inégalités sociales, aux discriminations, sous toutes ses formes, à la ségrégation-relégation des quartiers et à la mémoire de l’immigration, continuent à apparaitre comme des enjeux de lutte importants et décisifs pour le présent et le devenir de la société française.
Constatant, Trente ans après, que les idéaux et les valeurs républicains qui ont guidés l’action des marcheurs et de leurs soutiens peuvent encore donnés lieu à de nouvelles initiatives et à d’autres combats, une partie, d’entre eux, a décidé de se constituer en association 1901 , ceux-ci afin de continuer à se mobiliser et pour agir dans le sens de l’action qui a été la leur, et de faire en sorte pour promouvoir de celle-ci, tout en entreprenant un travail sur la mémoire de l’immigration.